« Bien sûr ce n’est pas la Seine,
Ce n’est pas le bois de Vincennes,
Mais c’est bien joli tout de même,
À Göttingen, à Göttingen »

La chanson de Barbara est née en même temps que mon Papa, et comme lui, elle ne vieillit pas.
Une chanson française sur une petite ville allemande : cela suffisait à me rendre assez curieuse pour faire une petite excursion à Göttingen. Car, mis à part la chanson, je ne connaissais presque rien de cette ville. Je savais qu’elle était à une cinquantaine de kilomètres de chez moi, qu’elle comptait une université, un jardin botanique, et c’était à peu près tout. Mon émission interculturelle préférée m’a ensuite appris que j’étais finalement très représentative des Français, qui ne connaissent Göttingen que par la chanson, ou plutôt, qui n’en connaissent d’elle que la chanson. Pour voir le reportage de Karambolage sur le sujet, c’est ici.

Le week-end dernier, j’ai fait un petit tour à Göttingen. Grâce à l’ICE (le TGV allemand), ça n’est qu’à une petite vingtaine de minutes de Kassel.
Première surprise : Göttingen est une ville pour les cyclistes ! Devant la gare se trouve un immense parc de stationnement… pour vélos. Puis tout au long de la journée, je croiserai des kilomètres de piste cyclable, et des dizaines de cyclistes.
Deuxième suprise : ce n’est pas le chauvinisme français qui a associé Barbara à Göttingen : après les vélos, c’est une affiche de Barbara qui m’accueille (entre les deux arbres – je n’ai pas pu me rapprocher davantage pour prendre la photo, sinon j’aurais fini écrasée par une voiture, ou un vélo). La ville a même inauguré une Barbarastraße, et à chaque anniversaire de sa mort, la ville fleurit sa tombe (de roses, en hommage à la chanson). Barbara est enterrée à Bagneux (dans les Hauts-de-Seine), ce que je n’ai appris qu’à l’occasion de ma visite à Göttingen – comme quoi, il faut parfois voyager pour en apprendre davantage sur sa région d’origine.

Malgré le froid, je ne regrette pas d’avoir choisi l’hiver comme saison pour visiter Göttingen, puisque j’ai pu m’attarder au Weihnachtsmarkt (marché de Noël). Impossible de le rater lorsque l’on arrive au centre-ville ; en revanche, il ferait presque passer à côté de la statue de la Gänseliesel (la « Lison aux oies »), habituellement l’attraction incontournable du parvis de la Rathaus (mairie). Ses décorations florales sont sans doute des cadeaux d’étudiants ayant réussi leurs examens. De nombreuses superstitions existent à son sujet : l’embrasser au début de ses études à Göttingen porterait bonheur, et il serait d’usage de la remercier pour sa réussite au doctorat en la couvrant de fleurs.
En parlant d’études, Göttingen est fière de son université aux 44 Prix Nobel. Aujourd’hui encore, l’université entretient sa réputation : régulièrement classée parmi les meilleures universités dans les classements internationaux, elle est considérée parmi les plus prestigieuses d’Allemagne. En-dehors de des Prix Nobel, la ville a vu séjourner d’éminents scientifiques, auxquels elle consacre des panneaux disséminés en ses quatre coins. Mon attention a été retenue par Friedrich Wöhler, chimiste du début du XIXè siècle, qui a donné son nom à l’une des écoles où j’enseigne cette année.

« Et que personne ne s’offense,
Mais les contes de notre enfance,
« Il était une fois » commencent,
À Göttingen »

Que Barbara ne s’offense pas, mais si les frères Grimm ont bien résidé une partie de leur vie à Göttingen, c’est à Kassel qu’ils ont réalisé leur travail de compilation de leurs célèbres contes. Et si malgré tout elle s’offense, je déposerai une rose sur sa tombe lors de mon prochain passage à Bagneux.

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