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Wilkommen bei den Sch’tis, du film français de Dany Boon, Bienvenue chez les Ch’tis, 20 février 2008, 1h46

« Est-ce que les gens dans le Nord de la France sont vraiment comme dans « Willkommen bei den Sch’tis » ? ». Les questions par rapport à la France, je m’y attendais : on était tout début septembre, par un beau vendredi soir aux températures estivales, et mon coloc’ m’avait embarquée avec son frère et un ami pour une tournée des bars. Je me doutais bien qu’entre deux bières, la nouvelle coloc’ arrivée fraîchement de Paris aurait droit à son lot de questions sur la France. Mais celle-là, je ne l’avais pas anticipée. Et encore, j’ai eu de la chance : la traduction allemande était – pour une fois – fidèle au titre original. Parce que si vous ne le saviez pas encore, je vous informe que les Allemands se réapproprient complètement à leur sauce nos titres français. Pour les petites transformations, passe encore (par exemple : Die fabelhafte Welt der Amélie (littéralement : Le merveilleux monde d’Amélie) pour Le fabuleux destin d’Amélie Poulain), mais pour les changements intégraux, impossible de comprendre de quel film il s’agit (je vous mets au défi de retrouver les titres originaux des films suivants* : Die Kinder des Monsieur Mathieu (Les enfants de Monsieur Mathieu), Ziemlich beste Freunde (Presque meilleurs amis), Plötzlich Papa (Tout à coup papa) – indice : les films sont rangés par ordre chronologique). Bonjour les discours de sourds lorsque vous parlez cinéma français avec un Allemand, quel que soit votre niveau de langue. Pour revenir à Willkommen bei den Sch’tis, je voyais exactement de quel film on me parlait. Sauf qu’en fait… non, je ne voyais pas du tout de quel film il s’agissait : je ne l’avais jamais vu. Je faisais face à beaucoup d’inconnues avec la question qui m’était soumise : le film, la région, et mon avis sur la question, qui, venant d’une Française, serait considéré comme une vérité universelle. J’ai botté en touche, en répondant que je n’avais pas vu le film.

Les mois ont passé, et j’ai fini par regarder Bienvenue chez les Ch’tis (merci A. d’ailleurs d’avoir alimenté ma culture cinématographique 😉 ). J’ai repensé à la question de septembre. Je n’ai toujours pas la réponse, mais j’ai eu envie de comprendre comment un film franco-français a pu avoir autant de succès en Allemagne. Certes, les Allemands aiment la France, connaissent sa géographie et ses régions parfois même mieux que les Français, mais de là à comprendre toutes les subtilités régionales et langagières de Bienvenue chez les Ch’tis ? Cela me paraissait peu probable. J’ai balayé définitivement cette hypothèse quand j’ai appris que les Allemands visionnaient très peu les films en VO et que par conséquent, si entendre du Français venait à me manquer, ça ne serait pas au cinéma que je pourrais aller trouver mon réconfort, malgré les films français régulièrement à l’affiche.
En fait, pour assouvir ma curiosité, rien ne valait mieux qu’un visionnage du film en version allemande. Je n’ai pas tardé à trouver la réponse : quel doublage excellent ! Et surtout, quel travail d’adaptation ! La version allemande a d’ailleurs gagné un prix pour le doublage. Pour un film qui a tout simplement créé de toutes pièces un dialecte (que ce soit dans les transformations de mots dûes à l’accent ch’ti, ou même dans l’invention de certains mots), c’était le minimum. Amis germanistes, si vous voulez lire une interview très intéressante de la traductrice du film à ce sujet, c’est ici. Sans enlever de mérite au travail d’adaptation, il faut dire que la langue allemande se prêtait merveilleusement bien à une cuisine à la sauce ch’ti. Je pourrais énumérer les exemples qui m’ont fait mourir de rire, mais j’ai peur de ne pas partager mon rire avec mes lecteurs non-germanistes, et d’en dévoiler trop à mes amis germanistes qui auraient à leur tour la curiosité de regarder le film en Allemand. Je vous garantis quelques fous rires mémorables… peut-être même plus qu’en VO !

*Il s’agit respectivement des films suivants : Les ChoristesIntouchables et Demain tout commence.

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