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Karoline Herfurth, SMS für dich… (1h47), 15 septembre 2016, du roman éponyme de Sofia Cramer

Par une belle fin d’après-midi pluvieuse un dimanche au cours d’un week-end prolongé à Munich avec l’Utopim’ste, une collègue de l’échange, nous nous sommes retrouvées en fin d’après-midi, sous la pluie, face à un cinéma. Notre journée avait été déjà bien remplie en excursions (et les chaussures de l’Utopim’ste bien remplies en eau), et il était un peu trop tôt pour rentrer chez notre hôte qui travaillait encore. Tous les ingrédients étaient ainsi réunis pour une parfaite sortie au cinéma !

Nous voici donc aux bornes automatiques pour choisir notre film. N’étant pas expertes du cinéma allemand, et pas bien plus au courant des dernières sorties internationales, notre choix s’est donc effectué selon deux critères : la langue (mais finalement, cela n’a pas restreint notre sélection, les films passant quasiment tous en version allemande), et l’horaire. C’est donc ainsi que nous nous sommes retrouvées à choisir SMS für dich, dont nous avions supposé rien qu’en voyant l’affiche qu’il serait plutôt romantique, pas forcément des plus intellectuels mais finalement facile à comprendre. Et nous avions là un argument imparable pouvant justifier notre choix de film : l’apprentissage de la langue. Après un passage à la caisse pour cause de refus par la machine de nos cartes VISA, nous voilà en possession de nos places, au sens propre comme au sens figuré étant donné que nous avons pu choisir nos places comme on réserve des sièges au théâtre.

Pendant les trente minutes de publicités (oui, une demi-heure !), nous nous sommes rendu compte que le public allemand était plus bavard et moins ponctuel que le public français. Cependant, nous avons relevé des éléments à décharge qui plaident en faveur du premier public : le fait que les sièges soient réservés cumulé à la longueur des pubs n’appelle pas à la ponctualité, et le contenu des publicités lui-même n’invite pas à une concentration absolue : très peu de bandes-annonces, et beaucoup de publicités « de consommation » comme à la télévision.

Est ensuite venu le film. Aucune surprise quant au genre et au ton de ce dernier, les premières minutes annonçant d’emblée la couleur du film. D’un côté : Clara, une illustratrice talentueuse et dont la carrière est en pleine ascension… jusqu’au jour où son compagnon décède de manière brutale et tragique. Nous la retrouvons deux ans plus tard. Malgré l’insistance de sa colocataire Katja, qui la pousse à se réouvrir sur le monde et à aller de l’avant en faisant de nouvelles rencontres, Clara reste enfermée dans la nostalgie et refuse tout ce qui pourrait la couper de celui qu’elle considère comme étant son amour de toujours. À tel point qu’elle envoie encore des SMS à ce dernier. De l’autre côté : Mark, journaliste sportif, installé dans la routine d’un couple dont on voit que les heures sont comptées tant le fossé est en train de se creuser. Quand Fiona, sa compagne, lui parle déménagement-agrandissement-Kindergarten-bébé, Mark, lui, s’évade dans ses pensées, et surtout, est entêté par son nouveau portable. Non pas pour l’aspect technologique (à ce propos, la célèbre marque à la pomme croquée a dû sponsoriser le film tant les ordinateurs et smartphones de la marque abondent – ou sinon, le film a eu un gros budget accessoires !), mais parce que sur ce nouveau numéro, il reçoit des SMS aussi intrigants que romantiques. Vous avez compris ? Bravo ! J’arrête là mon résumé, je ne voudrais pas dévoiler la suite 😉

Si l’intrigue était cousue de fil blanc, il n’en reste pas moins que j’ai beaucoup apprécié le film. Déjà parce qu’il fait typisch deutsch (« terriblement allemand » comme traduirait ma grand-mère), et pas seulement à cause de la langue ! Le film se passe et a été tourné à Berlin (oui oui, la capitale – et accessoirement ma ville coup de coeur en Allemagne), et rien que cela suffit à nous faire dire que l’on ne s’est pas trompé de pays. Quand en plus on connaît Berlin (voire qu’on est berlinophile – comment ça ce mot n’existe pas monsieur le correcteur ?), on reconnaît avec grand plaisir bien évidemment des lieux emblématiques de la ville, mais aussi tout un tas de petits détails qui nous replongent instantanément dans la ville (oui, il est souvent question de Currywurst dans le film, mais ce n’est pas le seul élément typiquement berlinois). Autre élément très allemand du film : le Schlager, ce genre musical aussi intraduisible qu’indéfinissable, à côté duquel notre variété française passe pour de la haute couture musicale (et donc ma passion pour Patrick Fiori, pour de la connaissance très pointue en musique… oups, je m’éloigne du sujet !). Au-delà de tous ces aspects, le film arrive à traiter avec légèreté et humour des sujets des plus tristes aux plus joyeux en passant par un tas de sujets actuels (notamment l’adaptation de l’ère numérique à la vie amoureuse… ou l’inverse ?). Enfin, les acteurs, qui sont paraît-il très connus en Allemagne, incarnent des personnages sincères, touchants et réalistes, ce qui donne une dimension totalement vraie au film, et ne le fait pas basculer dans la catégorie « navet romantique à l’eau de rose ».

Et puis une raison tout à fait personnelle qui fait que j’ai vraiment apprécié le film, c’est que je l’ai entièrement compris. Alors non, je n’ai pas eu dans ma tête une interprétation simultanée de chaque phrase du film, et oui, j’ai dû sans doute ici ou là passer à côté d’un jeu de mots en VO ou de la référence germano-allemande du moment. Mais il n’empêche que pendant 1h47, sans sous-titre, sans possibilité de faire pause, et sans avoir quelqu’un à côté de moi pour m’expliquer en direct les petites subtilités, j’ai tout suivi !

 

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