Le nez de l’ingénieur
L’avantage d’habiter en colocation, c’est que les tâches ménagères sont partagées selon les compétences de chacun. Ainsi, depuis mon arrivée en Allemagne, jamais je n’ai eu à bricoler. Non pas parce que je suis la seule représentante de la gent féminine, mais parce que, encore mieux que d’habiter avec deux garçons, j’habite avec deux ingénieurs. En herbe pour l’instant, mais je trouve que ça sonne mieux de dire ingénieur tout court. Et puis pour moi, ils en ont déjà toutes les compétences.
Il y a quelques temps par exemple, la poignée de notre four s’est cassée. Je n’ai même pas eu à réfléchir à une solution de réparation, car dans les jours qui ont suivi, un nouveau dispositif de remplacement avait été posé. Beau travail d’équipe entre une conception en binôme, une réalisation de la pièce par l’un avec des morceaux de récupération et la pose par l’autre après calculs ergonomico-practico-savants. Je n’ai eu qu’à féliciter. Et à inaugurer notre four rénové sous l’oeil des réparateurs qui m’ont assuré que la température de fusion du matériau utilisé était supérieure à la température maximale de cuisson du four.
La semaine dernière, la pompe de mon parfum ne marchait plus. J’ai tenté quelques manipulations du flacon, en vain. Je suis allée trouver le premier coloc’ disponible pour lui exposer le problème, en précisant que j’avais besoin d’un ingénieur pour le résoudre. La requête était de cette manière mieux tournée plutôt que de dire qu’en pauvre fille que j’étais, je n’avais probablement pas assez de force pour tourner le bouchon du flacon. La ruse a marché, et la pompe a remarché presque instantanément. Assurant également le service après-réparation, mon coloc’ a voulu tester l’efficacité de sa manipulation, et a vaporisé mon parfum dans le vide. Il s’est instantanément exclamé qu’il sentait vraiment bon. Certes. Mais ça n’était ni plus ni moins que mon parfum habituel, celui que je porte quotidiennement depuis des mois… Visiblement, ça ne lui avait pas sauté au nez. Même pas du tout. Bon, je vous l’accorde : je n’habite pas tout le temps avec des super-héros d’ingénieurs. Parfois, leur perspicacité masculine reprend le dessus.
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