Quand je pensais à l’expression « poser un lapin », j’imaginais une demoiselle assise dans un bar ou un café, et qui se voyait poser sur la table par le serveur un beau lapin blanc de magicien. Ne me demandez pas pourquoi. Depuis que je connais la traduction allemande de l’expression, j’ai une toute autre image en tête : j’imagine une personne en train de s’asseoir, et qui, pendant qu’elle réalise cette action, se fait tirer tel un pantin jusqu’à revenir debout. Là, vous pouvez me demander pourquoi. En Allemand, « poser un lapin » se dit « versetzen » . De setzen, asseoir, accolé au perfide préfixe ver- (oui, le même que dans verführen). Du coup mon cerveau a imaginé cette traduction imagée de l’expression, que l’on pourrait traduire en mots par « désasseoir ».

Comme pour mon apprentissage de vocabulaire culinaire, mon quotidien allemand me permet d’apprendre sans cesse de nouveaux mots ou expression. Même si dans certains cas, je m’en serais bien passé. Il y a deux semaines par exemple, on m’a désassise. Je vous passe le conciliabule exceptionnel avec mes coloc’s (nous avons pour une fois dérogé à la règle du mercredi pour tenir une réunion de crise digne des plus grands conseils de guerre). En guise de conclusion, l’un d’eux m’a demandé ce que j’allais faire de ma soirée. La première chose qui m’est venue a été de répondre que j’allais profiter de mon temps finalement libre pour avancer l’écriture de mon blog. Il a cru que je voulais raconter cet épisode. « Non ! » me suis-je exclamée. L’heure était grave, mais pas au point de finir sur Apfelschorle.
La déception est retombée pour laisser place à la curiosité : comment dit-on au fait, « poser un lapin » en Allemand ? Vous connaissez déjà la réponse. J’ai poussé la curiosité plus loin : dans l’expression française, que venait faire un lapin dans l’annulation d’un rendez-vous ? Je me suis cultivée sur l’expression, de ses origines galantes à sa signification actuelle – signification qui aujourd’hui ressemble à quelque chose comme : faire attendre une personne à qui l’on a donné rendez-vous sans la prévenir de l’annulation. Tout s’est éclairé. On ne m’a littéralement pas posé de lapin. On m’a simplement proposé de reporter un rendez-vous qui normalement devait avoir lieu. Avec deux interprétations manifestement discordantes du « normalement ». J’ai juste été victime d’un malentendu, rien de plus. En fait, l’heure était loin d’être grave… mais méritait d’être contée sur Apfelschorle !

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