Nous sommes en trêve de campagne électorale jusqu’à demain soir 20h, mais rien ne m’empêche de ressortir une histoire vieille d’août dernier… qui redeviendra d’actualité demain.

Nous sommes tout début août, et parmi les derniers préparatifs liés à mon départ en Allemagne, la question de la procuration me donne beaucoup de fil à retordre. En théorie, établir une procuration se fait très facilement… dans la pratique, les choses sont beaucoup plus compliquées. Première difficulté : trouver un commissariat ouvert. En théorie, celui de ma ville est ouvert, mais, ô surprise, lorsque je m’y rends une fin d’après-midi pendant les horaires d’ouverture, j’y découvre un petit mot expliquant qu’en raison du plan Vigipirate renforcé, le bureau est fermé jusqu’à nouvel ordre. En cas de problème, il faut s’adresser au commissariat principal dont dépend mon bureau de police. Cette fois-ci, pas de problème d’horaire d’ouverture étant donné que le commissariat est ouvert en continu, mais, prudente, je décide de reporter ma visite au commissariat au lendemain, préférant y arriver pendant des horaires « de bureau » – on ne sait jamais.
Le lendemain, je pars pour une petite expédition en RER (j’aurais dû suspendre mon abonnement de transports APRÈS avoir établi la procuration !) et après quelques centaines de mètres à pieds pour terminer mon trajet, j’arrive enfin au commissariat. Je n’ai jamais compris l’emplacement de ce dernier : même de jour, les rues désertes que l’on doit arpenter pour y accéder font froid dans le dos. Je crois qu’en cas de problème, il serait davantage dangereux de tenter de se rendre au commissariat. Bref, le temps de me  perdre dans ce monologue intérieur, me voilà enfin devant la porte d’entrée. Deux policiers, tous deux armés, se tiennent droits comme des I devant les portes. L’un d’entre eux s’adresse à moi : « Police Nationale, bonjour, que venez-vous faire ici ? ». Je sens que je suis partie pour jouer un sketch des Inconnus. J’explique la raison de ma visite, le policier est sceptique. Je n’ai pour l’instant pas franchi la porte du commissariat. J’insiste : je pars pour une année de travail à l’étranger (je sors l’ordre de mission), et me retrouverai donc dans l’impossibilité durable de me rendre au bureau de vote pour un an. Je le sens toujours sceptique, mais il m’ouvre la porte du commissariat, m’accompagne au guichet de l’entrée, et sors les papiers pour établir la procuration. Il s’exclame : « Ah mais oui, il y a les élections présidentielles en 2017, et vous ne serez pas encore rentrée. ». J’approuve, et me retiens d’ajouter que de toute façon, élections prévues ou pas, j’étais en droit d’établir une procuration l’année de mon absence, en cas d’élection inopinée. Je sens que ma remarque tomberait au mieux dans l’oreille d’un sourd, perturberait au pire le déroulement de l’opération.
Après m’avoir demandé si j’avais un stylo sur moi (si j’avais répondu par la négative, je ne sais pas si on m’en aurait remis un !) et m’avoir remis les papiers, le policier me laisse remplir ma procuration. « Je dois regagner mon poste de travail, mais lorsque vous avez fini de remplir les papiers, vous me ferez signe par la vitre et je viendrai récupérer les papiers. ». Je lui propose de lui porter directement les papiers lorsque j’aurai terminé, cela me semble plus rapide et plus logique étant donné que je devrai repasser par la porte pour sortir du commissariat. Il refuse, et me rappelle encore une fois le protocole précédemment énoncé.
Je m’exécute sagement, mais finalement, c’est le policier qui ne respecte pas son propre protocole. Je n’ai pas terminé de remplir les papiers que le voilà déjà de retour dans le commissariat, à faire les cent pas cette fois-ci dans l’entrée plutôt que devant la porte dehors. Au moment où je termine, pas de chance, le téléphone sonne. Je dois encore attendre quelques secondes, mais au moins, j’aurai assisté à une scène assez drôle. La personne au bout du fil demande visiblement du renfort sur une équipe en mission, appel décliné par le policier qui se justifie : « Je ne peux pas, je suis actuellement en garde statique. ».
J’ai cru que cette dernière réplique allait faire éclater le fou rire qui grandissait en moi depuis mon arrivée au commissariat. Mais j’ai tenu bon ! Une fois le téléphone raccroché, je me suis empressée de remettre mes papiers de procuration au policier, et après sa validation, je suis partie du commissariat… et dans un grand fou rire. Vraiment, je vous l’avais dit : c’était un véritable sketch des Inconnus !

Et avant que vous n’interprétiez les choses de travers, je précise que j’ai malgré tout une très bonne image de la police. Caro’ et Raph’, je sais que tous les policiers ne sortent pas tout droit d’un sketch des Inconnus 😉

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