Programme Élysée Prim : ascension périlleuse, le retour !

Phobiques administratifs, lecture fortement déconseillée ! Amateurs de rebondissements (il)logico-administratifs, voici une histoire du même type que la première de la série (Programme Élysée Prim : ascension périlleuse !).

C’était le 26 avril, il y a un an tout pile. La commission bi-nationale venait d’avoir lieu et enfin, je recevais le mail officiel de l’OFAJ m’annonçant ma participation au programme et m’invitant au premier séminaire de formation du Programme Élysée Prim. Quatre jours de formation fin mai, du mardi au vendredi. Quatre jours d’absence à demander… à différentes inspections pour rendre l’histoire plus drôle. Lorsque j’ai lu le mail, j’étais sous le soleil de Corse. Loin de Paris, et loin de toutes les préoccupations liées à l’école.
Le retour à la réalité a été bien brutal ! Dès la rentrée, j’ai dû commencer ma distribution de papiers d’absence. Sauf que je me suis vite heurtée à deux problèmes.
Problème 1 : dans mon école du lundi-mardi, mon remplacement s’arrêtait le 10 mai. Inutile donc de déposer le papier auprès de la direction, je risquais d’atterrir dans une autre circonscription après le 10 mai. Il me faudrait donc attendre le lundi 16 mai pour, fraîchement débarquée sur mon nouveau remplacement, déposer la feuille d’autorisation d’absence pour la semaine suivante. Comment paraître sérieuse dès son arrivée dans une nouvelle école.
Problème 2 : avec le pont de l’Ascension, je ne remettais pas les pieds dans mon école du jeudi-vendredi la première semaine de mai. Les opérations ont donc été retardées.
Les ennuis ont commencé lorsque j’ai déposé ma demande dans mon école du jeudi-vendredi. La semaine avant le séminaire, un mercredi après-midi, l’inspectrice appelle le directeur de l’école sur son portable personnel. Elle demande des explications quant à l’autorisation déposée ; j’avais oublié : au moment où j’ai fait monter mon dossier de candidature, je ne travaillais pas dans cette circonscription, il était donc normal que l’inspectrice tombe un peu des nues. Un second élément l’ennuie : je n’ai pas déposé l’autorisation d’absence au bon endroit, et pour le motif invoqué, il faut passer par le rectorat, qui sollicite pour le remplacement une autre brigade. Une fois la situation clarifiée et l’effet de surprise retombée, l’inspectrice se montre conciliante et semble prête à m’octroyer l’absence par tous les moyens. Elle propose de se charger de coordonner la remontée de la demande d’autorisation auprès de mon autre inspection. Le directeur, me croyant encore le lundi-mardi dans mon ancienne école, et pensant que j’y ai déposé la demande d’autorisation en bonne et dûe forme comme je l’ai fait chez lui, communique le nom de l’école.
L’inspectrice appelle l’autre inspection, laquelle n’est évidemment pas au courant de ma demande d’autorisation d’absence. Pendant ce temps-là, ma nouvelle autre inspection a également reçu la demande d’autorisation d’absence, mais l’inspectrice l’ignore. Les heures défilent et nous voilà vendredi 16h – vendredi de la semaine précédant le séminaire. Le directeur débarque dans ma classe. Par chance, je ne m’étais pas enfuie dès la sonnerie de 15h. Il me demande de venir dans son bureau pour que je lui déroule calmement l’histoire de cette autorisation d’absence. Je récapitule l’historique, détaille les points flous et tente d’expliquer au mieux pourquoi tout cela est assez difficile à saisir. Le directeur note avec application – il précise qu’il note tout pour mieux argumenter auprès de l’inspectrice et faire en sorte que je parte (l’inspectrice a depuis deux jours perdu patience sur le sujet, ce que je peux comprendre vu les rebondissements).  C’est alors que les astres se sont alignés en ma faveur : les bureaux des DEUX inspections se trouvent dans le même bâtiment que mon école du jeudi-vendredi. Et vu l’heure, il y a encore une chance d’y croiser les deux inspecteurs. Le directeur s’y rend, et quelques minutes plus tard, en redescend tout triomphant : mon autorisation d’absence est signée, je peux officiellement partir en séminaire !
Vous pensez que l’histoire s’arrête là ? Non bien sûr, cela serait trop beau sinon ! Après avoir savouré pleinement mon week-end, heureuse à l’idée de partir en toute légalité pour quatre jours en Allemagne et commencer enfin concrètement l’aventure du Programme Élysée Prim, arrive le lundi (veille du départ donc). Alors que je devais connaître une journée paisible avec ma nouvelle classe de CP, un autre feuilleton administratif est venu entâcher mon lundi. Je vous passe les détails, car ils sont beaucoup moins amusants, mais je vous livre l’issue tragique de l’histoire : à compter du lendemain, me voilà de retour dans mon ancienne école du lundi-mardi. Et mes CP, j’en fais quoi ? Une collègue me répond, d’un air blasé : « Oh tu sais, tu n’es pas la première remplaçante depuis le début de l’année, ils en verront d’autres d’ici juillet. ». Pauvres élèves. Et mon autorisation d’absence ? Fort heureusement, le papier est déjà signé… mais l’école n’est pas au courant. Il est de toute façon trop tard : à l’heure où je sors de l’école, plus moyen de joindre les inspections, le directeur se contentera d’un mail de ma part. Quant à moi, j’ai une valise à faire, l’Allemagne m’attend !

Cette fois, mon histoire est terminée… à moins que vous ne vouliez l’épilogue !
J’ai été remplacée pendant les quatre jours de mon absence, alors qu’il y avait une pénurie générale de remplaçants. Par des remplaçants inconnus au bataillon dans l’une et l’autre des écoles. Effectivement, mon autorisation d’absence a bien été transmise à une autre brigade pour piocher autre part que dans le vivier habituel de remplaçants. Et j’ai été remplacée, même si mon école du lundi-mardi n’était pas au courant de mon absence.
Mais le plus drôle dans cette histoire, c’est que dans l’une et l’autre de mes écoles, j’ai été remplacée par deux enseignants différents. Cela valait bien le coup de faire remonter mon petit papier jusqu’à la brigade mystérieuse. Tout ça pour ça.

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