Programme Élysée Prim : l’heure des comptes (ou comment gagner 4000€)

Je raconte souvent, en guise de publicité pour l’échange, que le Programme Élysée Prim est ouvert à tout professeur des écoles quel que soit son âge et son niveau d’allemand. Bien souvent, mon argumentation s’arrête à ce stade, mais parfois, il arrive que mon potentiel futur converti, ayant fait tomber deux premiers obstacles majeurs, en voit poindre d’autres sur la route de sa réflexion à présenter sa candidature. Les questions sont formulées sous diverses formes, mais elles convergent systématiquement vers des considérations matérielles, derrière lesquelles se cache le coeur de la décision : l’argent.
Autant je suis catégorique sur l’âge et le niveau d’allemand en m’entêtant à répéter que ce ne sont pas des freins à la participation à l’échange, autant sur la question de l’argent, je suis plus modérée dans mes propos. Cet article n’a donc pas pour but d’affirmer catégoriquement que le Programme Élysée Prim est plus rentable financièrement qu’une année en France – même si, j’annonce dès le départ, il le fut largement (pour rester décente et ne pas dire excessivement) me concernant – mais est plus un aide-réflexion pour ceux qui comptent, recomptent et décomptent avant de prendre la décision finale de postuler à l’échange.

Commençons par un petit point statutaire. Lors de sa participation au Programme Élysée Prim, le professeur des écoles est mis à disposition de l’OFAJ. À ne pas confondre avec une disponibilité (qui correspond ni plus ni moins à une mise sur pause de la carrière concernant l’avancement, et entraîne une perte du poste). Dans le cadre d’une mise à disposition, tout se passe comme si l’enseignant exerçait encore en France. Il est donc rémunéré par son académie d’origine, continue d’avancer dans sa carrière et de cotiser en France pour sa retraite. Aucun changement donc par rapport à une année en France ; le Programme Élysée Prim ne modifie rien d’un point de vue « carrière » : ni ralentissement, ni accélération comme certains collègues ont pu le fantasmer parfois. À savoir également que pour l’administration, l’enseignant est en échange du 1er septembre au 31 août, même si le travail en Allemagne peut commencer plus tôt courant août, ou plus tard en septembre.
Concernant la rémunération, les seuls changements sont relatifs à quelques bonifications annexes au traitement. Arrêtent d’être versées pendant l’année d’échange : les indemnités de direction (étant donné que le professeur, même affecté à titre définitif sur un poste de direction, n’exerce pas les fonctions de directeur) ; les indemnités de remplacement (ISSR pour les connaisseurs) ; le remboursement des frais de transport (même si selon les villes allemandes, l’abonnement mensuel ou annuel coûte parfois plus cher qu’en France). Continuent d’être versées : l’ISAE (indemnité de suivi et d’accompagnement des élèves) et l’indemnité de logement en fonction de l’académie d’origine. Comme vous le voyez, seulement quelques petits ajustements tout à fait compréhensibles.
En réalité, il y a tout de même un gros changement sur la rémunération annuelle : la prime d’expatriation temporaire. Cette prime est versée en une seule fois pour l’année scolaire (pour ma part fin octobre, pour d’autres académies dès fin septembre, et pour d’autres, quelques mois plus tard), et doit être remboursée au pro rata temporis du temps passé en Allemagne (ou plutôt, non passé en Allemagne) en cas d’abandon en cours de parcours. Pour les renouvelants, cette prime est versée une seconde fois lors de la deuxième année de participation à l’échange, minorée d’environ 20-25% (? les collègues renouvelants, n’hésitez pas à me corriger si je me trompe !). Son montant brut en 2016 était de 4691€, soit en net environ 4000€. Depuis l’année scolaire 2019-2020, l’indemnité d’expatriation temporaire a été rehaussée à 5500€ (brut, j’imagine) – et si vous ne me croyez pas, voici le texte officiel.

Du côté de l’OFAJ, même si cette dernière n’est pas le gestionnaire administrative pendant la durée de l’échange, elle apporte un soutien financier. Les frais de déplacement pour se rendre aux formations sont pris en charge selon les grilles des directives de l’OFAJ. Pour les plus curieux d’entre vous, les voici ici (pages 96 à 101). Les déplacements sont remboursés forfaitairement selon l’académie/Land de départ et l’académie/Land du lieu de la rencontre, et le remboursement est très rapide à arriver. Je n’ai pas fait mes comptes dans le détail, mais je peux vous dire que l’on s’y retrouve sur l’ensemble des formations de l’année, et surtout, quels gains de temps, de délais et d’énergie par rapport à un remboursement aux frais réels !
Concernant les conditions matérielles des formations, je détaillais déjà ici tout ce qui était pris en charge.
L’OFAJ verse enfin un forfait d’aller simple lors de l’arrivée dans le pays voisin, et un forfait d’aller simple au retour.
En fait, en relisant l’article, dans un élan de dévouement et de professionnalisme, je suis allée éplucher mes relevés de comptes dans le détail pour vérifier l’exactitude de mes propos. Je me suis dit que trois ans après, j’idéalisais peut-être mes souvenirs. Si cela ne vous intéresse pas, rendez-vous au bloc de paragraphes suivant.
Rencontre à Hennef du 24 au 27 mai 2016 : 102€ dépensés, 98€ remboursés le 13 juin 2016.
Formations à Berlin du 3 au 19 août 2016 : 199,06€ dépensés, 180€ remboursés le 26 août 2016. J’aurais pu payer moins cher en jouant sur les horaires et/ou la compagnie aérienne.
Rencontre à Sèvres du 9 au 11 janvier 2017 : ?€ dépensés, 124€ remboursés le 8 février 2017 avec quelques semaines auparavant un mail de l’OFAJ nous annonçant un délai plus long que de coutume dans le remboursement. Je ne retrouve plus le montant de ma dépense, ayant en plus fractionné mon trajet en m’arrêtant à Strasbourg, mais j’ai été largement gagnante, ayant de toute façon dû dépenser cet aller-retour en région parisienne pour les fêtes de fin d’année.
Rencontre à Reims du 20 au 22 mai 2017 : 126,41€ dépensés, 110€ remboursés le 31 mai 2017. La dépense aurait pu être réduite si je n’avais pas fait l’école buissonnière en fractionnant mon trajet en effectuant une halte à Strasbourg.
Conclusion : mon souvenir n’était pas erroné, la participation financière de l’OFAJ couvre très bien les frais de déplacement, et les remboursements arrivent très rapidement.

Enfin à l’intérieur d’un Land, il arrive que des réunions soient organisées. Pour la Hesse, c’était à Francfort que les réunions avaient lieu, et tous mes frais de déplacement ont été pris en charge au cent près (aller/retour en ICE) depuis Kassel, à chaque fois dans un délai très court. Je ne sais pas ce qu’il en est des autres Länder, mais il me semble que le régime est similaire. Il parait même que dans d’autres Länder, le repas est pris en charge lors des journées de formation en plus des frais de transport, mais il paraît aussi que l’herbe est facilement plus verte ailleurs alors je ne m’avancerai pas !

Voilà donc mon bilan comptable administratif, en espérant qu’il puisse répondre aux questions que l’on me pose souvent et auxquelles il m’est difficile de répondre au pied levé de manière exhaustive.
Reste maintenant à éclaircir une dernière interrogation financière que l’on me soumet souvent : quid du coût de la vie en Allemagne ? Peut-être que j’essaierai de le détailler un jour dans un autre article, mais je peux d’emblée vous dire que j’ai été largement perdante sur le retour en France. Rien que sur le logement, j’en suis au moins à +450€ par mois par rapport à l’Allemagne. La première fois que j’ai exprimé ce résultat à voix haute, il m’a fallu recompter pour vérifier l’exactitude du calcul… et me rendre compte que le résultat était arrondi par défaut. Finalement, c’est en enseignant à Paris que la prime d’expatriation temporaire me serait plus utile !

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