germania

Harald Gilbers, Germania, 10/18 (2016)

Il y a ceux qui, à l’image de certaines réactions négatives à la suite du film Inglourious Basterds, estiment que l’Histoire ne doit pas se mêler aux petites histoires de fiction, et ceux qui, au contraire, apprécient ces histoires, parfois vraies, parfois totalement inventées, qui ont comme arrière-plan l’Histoire dont tout le monde connaît déjà le scénario (au moins dans ses grandes lignes). Personnellement, j’appartiens à cette seconde catégorie, même si je comprends totalement les arguments des premiers. Si l’histoire se déroule à Berlin en 1944, je ne peux qu’apprécier. Et si par dessus-tout, l’auteur s’est extrêmement bien documenté pour éviter tout contre-sens historique, je ne peux que dévorer le livre.
Pourtant, je ne me suis pas précipitée d’emblée sur Germania. Des parents d’élèves me l’avaient offert en fin d’année dernière. J’avais été touchée par ce cadeau : un policier tout récent d’un auteur allemand, traitant de la fin de la seconde guerre mondiale à Berlin, pas de doute, c’était un cadeau personnalisé, et je savais que mon livre avait été choisi avec attention. Mais il n’empêche que je n’en ai pas commencé la lecture immédiatement. Je l’avais d’ailleurs laissé en Île-de-France lors de mon déménagement. Et puis avant de revenir en Allemagne en janvier, je l’avais glissé dans ma valise. Un peu comme un objet transitionnel qui me faisait prendre un bout de France pour quelques nouveaux mois en Allemagne.
J’ai finalement commencé à le lire… et ne me suis pas arrêtée ! L’intrigue est extrêmement bien ficelée, et le livre est découpé en petits chapitres. Parfait lorsque la lecture est régulièrement interrompue. Et presque parfait quand la durée de mon trajet en tramway pour me rendre à l’école est systématiquement inférieure de quelques secondes à celle de mon temps de lecture d’un chapitre – au moins, j’ai été tenue en haleine à chaque chapitre. J’y ai retrouvé tous les ingrédients que j’aime dans un roman policier (un scénario finalement simple mais une enquête bien menée et narrée), et tout ce que j’apprécie dans un roman aux couleurs historiques (le déroulement de l’intrigue à une autre époque, tout en ayant l’impression de s’immiscer dans le quotidien des protagonistes).
Enfin, et ce qui rend la lecture d’autant plus agréable, la traduction est très réussie. On ne sent pas les germanismes ou structures de phrases qui nous font sentir que le livre n’est pas lu dans la langue originale. Le traducteur a néanmoins choisi de conserver bon nombre de mots allemands, ce qui ne m’a pas dérangée – au contraire – mais pourrait rendre la lecture moins lisse à un lecteur non germaniste. Cela vaut néanmoins la peine d’essayer de commencer le livre… et qui le commence, le termine !

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