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On sent que les vacances ont touché la France ces derniers temps : le week-end dernier, j’ai reçu une troisième visite francilienne – la troisième en deux semaines. Mais je ne vais pas m’en plaindre, surtout que j’attendais mon invitée avec impatience. Et pour cause : Estelle était de passage à Kassel. Ou plutôt devrais-je dire : de retour chez elle ! Vous vous doutiez déjà que nous partagions un certain attrait pour l’Allemagne et la culture germanique, mais ce que vous ne saviez (peut-être) pas encore, c’est que deux années scolaires avant moi, Estelle était en train de vivre l’expérience d’une année d’expatriation à Kassel, en tant qu’assistante de Français dans le second degré. Alors quand j’ai appris mon affectation pour cette année, et que le hasard (ou le destin) m’a conduite moi aussi à Kassel, Estelle en a été la première informée… et la première à réserver un séjour chez moi ! C’est donc ainsi que pour 48 heures, j’ai cédé mon titre de Parisienne de Kassel pour le rendre à celle qui en est la véritable propriétaire.

À peine le temps de rentrer de la gare de Wilhelmshöhe après la visite de mon oncle qu’il me fallait déjà me mettre en route pour l’autre gare, la Hauptbahnhof, à quelques minutes de chez moi. Le retard finalement partiellement rattrapé du train combiné à mon avance calculée selon le retard annoncé de celui-ci m’ont fait arriver pile au moment où le train entrait en gare. Nous n’aurions pas pu mieux prévoir ! Rien que sur le trajet entre la gare et chez moi, ce sont un tas de souvenirs qu’Estelle a pu me raconter de ce qu’elle avait vécu de son année à Kassel. Puis, alors que nous montions les quatre étages jusque chez moi, elle m’a confié avoir quelques craintes à l’idée de parler Allemand, elle qui vit désormais à Paris depuis l’été dernier, de retour de deux ans et demi d’aventures allemandes. Quelques secondes plus tard, ses inquiétudes étaient totalement envolées lorsque mes coloc’s nous ont ouvert la porte et ont entamé une discussion avec mon invitée du week-end. Cette dernière s’est fait prêter une paire de chaussons-sangliers appartenant à mon coloc’ – n’ayant pas l’autorisation de droit à l’image pour ces deux petits animaux, je ne publierai pas de photo 😉
Peu après, nous nous sommes mises en route pour un tour en centre-ville, avec une halte au Rokkeberg pour goûter leur fameux chocolat blanc chaud. Puis nous avons fait du shopping chez DM. Je reparlerai plus tard de cette enseigne ; pour le moment, retenez que cette chaîne allemande est le paradis des Français frontaliers ou expatriés en Allemagne, tant les prix des produits de la vie courante sont dérisoires. Après avoir rempli tout un sac de maquillage, crèmes et autres produits de beauté en partance pour la France, nous avons fait d’autres provisions, alimentaires cette fois-ci, au supermarché d’en face. Au rayon boissons, ô malheur, j’ai constaté que mon vin rouge n’était plus en vente (je suis sûre qu’il a été victime de son succès – je n’aurais peut-être pas dû dire à tous mes amis allemands qu’il était bon). Nous nous sommes rabattues sur un autre vin, et, soyons folles, nous nous sommes laissé tenter par un vin bio, garanti sans sulfite (et donc sans mal de tête).

Finalement, le vin n’était pas si mauvais que cela. Ma méfiance envers le rayon vins des supermarchés allemands commence à décliner… à moins que mon palais ne se germanise ? Après avoir bu toute la bouteille, direction un restaurant vietnamien, inconnu pour moi, mais un ancien QG pour Estelle. Un régal ! Pour résumer, le meilleur restaurant vietnamien où j’ai eu l’occasion de manger. Inutile de préciser que j’y reviendrai !
La soirée s’est ensuite terminée au localement très célèbre FES, un bar très convoité par la jeunesse de Kassel les soirs de week-end, où mon coloc’ nous a accompagnées. Nous ne l’avons toutefois pas suivi pour les boissons, préférant le délicieux gin tonic du barman à la vulgaire bouteille de Coca-Cola. En parlant de barman, il y en a un qui a d’emblée reconnu Estelle lorsque nous avons passé commande ! Après l’avoir saluée et pris rapidement de ses nouvelles, il nous a offert une tournée de shooters. Jamais je n’avais été accueillie de la sorte au FES !

Le lendemain, après un petit déjeuner à base de Brötchen (petits pains) fraîchement achetés à la boulangerie, nous nous sommes promenées au Karlsaue Park que je ne présente plus. Quand l’heure du déjeuner fut venue, nous avons souhaité nous rendre à la Mensa (restaurant universitaire) pour nous régaler à un faible coût. Malheureusement, l’endroit était fermé. Nous nous sommes finalement dirigées vers le running sushi que j’avais déjà testé en décembre. J’ai décidé que c’était la dernière fois que je m’y rendais : une qualité finalement pas si bonne que dans mon souvenir, un verre d’eau minérale facturé 4€, un cocktail (sans alcool je précise) commandé en début de repas apporté au moment où nous allions demander l’addition après maintes sollicitations, et un serveur soit mauvais en soustraction pour rendre la monnaie, soit avec une tendance à arrondir généreusement l’addition en sa faveur… tout cela fait que nous sommes parties sans laisser de pourboire, et sans envie d’y remettre les pieds.
Mais il en fallait davantage pour altérer notre bonne humeur ! Nous nous sommes remises en route et avons profité du beau temps pour arpenter les rues du centre-ville. J’ai presque eu l’impression d’être une touriste dans ma propre ville, guidée par une experte des lieux. J’ai notamment découvert deux boutiques sur la Friedrich-Ebert Straße, rue que je connaissais davantage pour sa vie nocturne animée que de jour. En chemin, ma guide du jour a rencontré un couple d’amis espagnols, visiblement ravis de la croiser par hasard. En fin d’après-midi, nous avons retrouvé trois anciennes élèves d’Estelle. Contrairement à toutes les autres rencontres fortuites du week-end, celle-ci était prévue, et la manière dont elle s’est organisée est plutôt amusante : la veille, une ancienne élève avait appris, par le biais d’une photo postée sur Instagram, que l’assistante de Français d’il y a deux ans était de passage à Kassel. C’est donc ainsi que nous nous sommes retrouvées encore une fois au Rokkeberg autour de diverses boissons aussi originales que le lieu pour échanger des souvenirs, et réactualiser quelques étapes de vie de presque deux années scolaires écoulées.
En fin d’après-midi, comme la veille, nous nous sommes ravitaillées au supermarché. Quelques aliments, une bouteille de vin, et une bouteille de gin, qui se trouvait dans la vitrine cadenassée. Quand Estelle a sollicité un employé du magasin pour ouvrir la vitrine, celui-ci nous a demandé, en nous tendant notre bouteille, si une suffisait. Il devait sans doute être au FES la veille. En sortant du centre commercial, Estelle a croisé un de ses anciens élèves. Et elle tenait la bouteille de vin dans une main, celle de gin dans l’autre. Heureusement qu’il ne s’agissait pas de l’un de mes élèves !
Les provisions à peine déposées chez moi, nous nous sommes remises en route, direction l’opéra. Car avant de partager notre attrait pour l’Allemagne, Estelle et moi avons partagé – et partageons encore – notre passion pour la clarinette et la musique de chambre. Par chance, durant son séjour, la première d’Elektra de Strauss se jouait au Staatstheater. Nous nous sommes régalées ! J’allais oublier de préciser que sur le chemin pour l’opéra, nous avons croisé l’ancien collègue de Français d’Estelle. Décidément, c’était le week-end des rencontres imprévues !
L’avantage des horaires d’opéra à l’allemande, c’est qu’ils permettent de combiner deux soirées en une : avec une représentation qui commence à 19h30, même s’il s’agit d’opéra, il n’est jamais bien tard lorsque l’on en sort. Ainsi lorsque nous sommes rentrées chez moi, nous avons entamé notre seconde soirée : croque-monsieurs, en clin d’oeil aux menus de notre stage estival de musique de chambre, arrosés de gin tonic. En présence, encore une fois, de mon coloc’, qui cette fois-ci, a troqué le Coca-Cola de la veille contre du Apfelschorle. Amateurs de gin tonic, voici une variante que vous pouvez tester chez vous : jus de citron + sirop d’érable + tonic + gin = un délicieux cocktail. Au point de nous faire délaisser la bouteille de rouge fraîchement achetée.

Dimanche, fait historique, je me suis pour une fois réveillée bien après Estelle (ça, c’était une petite dédicace aux copains du stage !). L’estomac bien ouvert après cette grasse matinée, nous nous sommes mises en route pour le Rokkeberg, le « vrai » (pas le café où nous étions allés la veille et l’avant-veille). Je passe sur la qualité du lieu, qui n’est plus à démontrer. Notons toutefois que j’ai été quelque peu étonnée que personne ne reconnaisse Estelle cette fois-ci – cela commençait à devenir une habitude !

Après une promenade digestive pour rentrer chez moi, l’heure du retour à Paris a sonné. Les pantoufles-sangliers ont été rendues à leur propriétaire, et nous, à la gare.

Kassel vermisst dich schon Estelle… alors reviens vite 😉
Quant aux autres Français : la bouteille de rouge non consommée attend, conformément à la tradition, une nouvelle visite française pour être entamée !

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