Note commune à tous les articles de la rubrique « Mots d’enfants »

Depuis que j’ai commencé à côtoyer des enfants, d’abord en baby-sitting, puis dans le cadre de séjours de vacances ou en tant qu’enseignante, je tiens un carnet dans lequel je compile ce que j’appelle des « mots d’enfants ». Ceux qui ont (eu) l’occasion de travailler auprès d’enfants, ou ont eux-mêmes des enfants, savent très bien ce dont je parle : ces petites phrases que seuls les enfants ont le don d’inventer, et de sortir au moment le plus inattendu ou, au contraire, le plus approprié. Le problème de ces petites perles est qu’elles sont aussi drôles que leur souvenir est éphémère, et c’est d’ailleurs pour cela que j’avais pris l’habitude de les noter, pour m’en souvenir (et en rire !) même longtemps après. Mon carnet est certes resté en France, mais il me reste ce blog pour poursuivre ma belle collection !

Je pensais échapper à la tradition de la galette des rois. Certes, je suis cette année censée être ambassadrice de la langue et de la culture françaises (Monsieur M. si vous me lisez…), mais je me serais bien attribué un joker début janvier. En plus, le calendrier m’avait donné raison : je ne reprenais les cours à Kassel qu’à la mi-janvier. Trop tard donc pour célébrer l’Épiphanie. C’était sans compter sur les connaissances franco-culturelles de mes élèves. Dès le début d’année, ils ont voulu savoir si on cuisinerait ce « Kuchen mit dieser Porzellanfigur drinnen » (« gâteau avec la figurine en porcelaine à l’intérieur »). J’ai d’abord répondu de manière évasive, et puis, la question est devenue tellement récurrente et insistante que pour ma propre tranquillité, je me suis vue contrainte d’y répondre par l’affirmative.

Me voici donc en train de tirer les rois dans le respect protocolaire le plus parfait avec l’un de mes groupes d’AG. Le sort a voulu que la fève tombe dans ma part (j’avais pourtant bien visé lors du découpage et de la répartition, ça m’apprendra à être une gentille enseignante). J’ai été acclamée à coups de « Frau N. ist unsere Königin ! » (« Madame N. est notre reine ! »). Fort heureusement pour moi, il n’y avait qu’un garçon présent ce jour-là, ce qui a grandement facilité le choix de mon roi. En guise d’intronisation, je lui ai donné ma fève. Il n’en revenait pas.
Il y a quelques temps, mes élèves m’ont reparlé de l’épisode de la galette des rois. Et le roi du jour m’a dit qu’il avait gardé le truc que j’avais trouvé dans le gâteau. J’ai précisé son vocabulaire : la fève que je lui avais gegeben (donnée). Il a rectifié le mien : non, celle que je lui avais beschenkt (offerte).

Share: