Mercredi dernier, j’ai remis à l’ordre du jour notre tradition du mercredi. Ces dernières semaines, nous l’avions laissée un peu de côté, et c’était bien dommage. Non pas (uniquement) pour la bière, mais surtout parce que ce rendez-vous hebdomadaire était l’occasion de nous raconter nos dernières petites histoires – que je savoure encore plus que la bière. J’ai donc sorti mon plus beau regard de chat potté et ai dit à mes coloc’s que comme c’était notre avant-dernier mercredi ensemble, on ne pouvait pas une fois de plus reporter la tradition.
Puisque les beaux jours sont revenus, plutôt que de nous rendre dans un bar ou un Biergarten, nous sommes passés au supermarché pour nous ravitailler, avant de nous rendre au pied du Parthénon de la documenta 14, pour savourer notre Mittwoch en plein air. Avouez que le tableau fait rêver. Et pourtant, il était loin de pouvoir se réaliser quelques minutes auparavant.

Acte I, à la caisse du supermarché
Galanterie allemande oblige, je suis passée en dernier pour payer ma bière, et la caissière m’a demandé une carte d’identité. Interloquée – car c’est la toute première fois depuis mes 18 ans que l’on me demande de justifier mon âge – j’ai tendu ma carte d’identité à la caissière et l’ai laissée la tourner et retourner avant de trouver ma date de naissance. Après avoir trouvé le renseignement, elle m’a tout de même demandé confirmation. Je me suis retenue de répondre que ma date de naissance était le 14 mai 2029 (date d’expiration), je crois qu’elle n’avait pas vraiment pas beaucoup d’humour. Ni trop l’esprit futé : si j’étais vraiment mineure, j’aurais laissé mes deux acolytes (qui étaient en train de se tordre de rire de l’autre côté de la caisse) acheter ma bière.

Acte II, sur les marches du Parthénon
Nous voilà confortablement installés sur les marches menant à l’édifice de livres quand surgit un monsieur de la Sicherheit (sécurité). Il regarde nos boissons d’un air suspicieux et demande : « Alkohol? » (« Alcool ? »). « Nein » répond mon coloc’ qui ne boit pas d’alcool. Le monsieur le laisse tranquille. « Alkohol? » me re-demande le monsieur en pointant du doigt ma bière. « Ja » réponds-je, même si je me doute que la question n’était que rhétorique.
À voir nos têtes surprises, le monsieur de la sécurité comprend que nous sommes de bonne foi et que nous ne connaissions pas les règles de visite du Parthénon en matière d’alcool. Il nous explique ainsi que sur la plateforme principale du monument, l’alcool est interdit. En revanche, sur les marches, aucun souci, nous pouvons boire autant que nous voulons. La bière descend donc d’une marche, le monsieur n’est plus contrarié.
Mais avant de repartir, il me met en garde : si je suis betrunken (ivre), je n’aurai pas le droit d’accéder à la plateforme pour visiter le Parthénon. Décidément, c’était ma journée !

Épilogue, dans le Parthénon mais sans la bière
Après avoir dégusté ma bière, j’ai effectué un rapide tour du Parthénon et ai pu m’attarder sur les livres qui le composaient. Il s’agit de livres qui ont connu la censure par le passé ou qui sont encore interdits dans certains pays. C’est ainsi qu’à côté d’exemplaires de la Bible, on trouve pêle-mêle Le contrat social de Jean-Jacques Rousseau, mais aussi des exemplaires de Mickey Magazine. Je ne savais pas que le magazine était (ou avait été) censuré dans certains pays. Le Parthénon regorge par ailleurs de multiples exemplaires de Twilight et 50 shades of Grey. Pour ces derniers « livres », j’approuve davantage la censure.

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