87 ans, c’est un bel âge pour mourir. Je serais même tentée de dire qu’étant donné le nombre de faire-part de naissance que je m’apprête à recevoir dans les mois à venir, je ne devrais pas m’étonner de la perpétuation du cycle de la vie. Mais il n’empêche que samedi dernier, lorsque j’ai appris le décès de Tomi Ungerer, la nostalgie m’a gagnée.
C’est ce même sentiment qui, quelques années auparavant, m’avait envahie quand il me fut annoncé que Fantômette était orpheline. J’avais repensé à ma rencontre avec Georges Chaulet, un mercredi soir de l’année scolaire 2001-2002 dans ma chère (et désormais disparue) librairie réginaburgienne. Ma soeur dévorait son Mission impossible pour Fantômette fraîchement dédicacé, et j’attendais mon tour pour rencontrer celui grâce à qui ma super-héroïne existait. J’ai eu la chance d’être la dernière de la file d’attente, et de rencontrer un écrivain ravi de rencontrer ses lecteurs – « ma deuxième génération de lectrices de Fantômette » avait-il précisé en voyant que ma maman nous accompagnait.

Il y a une semaine, c’est également un personnage et un souvenir familial qui me sont revenus. Quand j’entends « Tomi Ungerer », je vois instantanément un poulpe : Émile le poulpe, du livre éponyme. Et je pense à mon frère Émile, ainsi nommé en raison du poulpe. Ce n’est pas une plaisanterie, mon frère tient son prénom d’un livre d’enfance de mon papa. Je ne trahis pas de grand secret familial puisque même Cyril Féraud est au courant (étant en plus donné que mon nombre de lecteurs reste encore bien inférieur au nombre de ses téléspectateurs, et que mon frère ne me lit sans doute pas…).
Par association d’idées, j’ai repensé cette semaine à Émile (mon frère, pas le poulpe), et à ce samedi de janvier 1998 où ma maman m’annonçait sa naissance. J’étais déjà très contente d’avoir un petit frère, mais j’étais encore plus enchantée par son prénom, qui n’était autre que celui du protagoniste d’un livre que je me faisais lire en boucle à l’époque. J’entends encore au bout du fil : « Émile, comme le petit ourson de ton livre Papa exagère » . L’explication m’allait très bien. Ce n’est que des années plus tard que j’ai découvert que mon frère était un poulpe.

RIP Tomi Ungerer, Émile (le poulpe, pas mon frère) a déjà trouvé sa famille d’adoption.

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