Ne prenez pas peur à la lecture du titre : je ne compte pas donner un cours de grammaire aujourd’hui, mais plutôt vous raconter deux petites anecdotes qui se sont déroulées il y a deux semaines.

Anecdote 1. Lundi, mon coloc’ revient à peine des courses qu’il s’empresse de me demander si je souhaitais donner des Nachhilfen (cours particuliers)… d’Allemand. Je me suis fait répéter l’information deux fois, non pas que je n’avais pas compris sa demande, mais plutôt parce que j’étais étonnée qu’il se tourne vers moi. Il me détaille son raisonnement : à l’entrée de l’immeuble, il a croisé une des employées de la charcuterie du rez-de-chaussée, qui lui a demandé si lui ou quelqu’un de l’immeuble (ndlr : mon petit immeuble est composé de cinq colocations d’étudiants ou jeunes actifs) pouvait donner des cours de soutien à son petit-fils, qui était en 6. Klasse (Sechste Klasse, soit la sixième classe, équivalent de la 5è) et qui avait des difficultés en Allemand. Il me dit que les habitants qu’il connaît sont tous comme lui, et comme notre autre coloc’ d’ailleurs, c’est-à-dire étudiants en Maschinenbau (ingénierie mécanique), donc, selon lui, peu compétents pour la demande. Et par conséquent, si j’étais partante, je pourrais très bien faire l’affaire.
Deux minutes plus tard, nous étions dans la charcuterie pour laisser mon numéro de téléphone. Dès le lendemain, la maman du petit-fils me contactait et un premier cours était fixé à la semaine suivante.

Entre-temps, l’euphorie de l’enthousiasme subit est un peu retombée, et j’ai eu le temps de douter de mes capacités à venir en aide à un élève de 11 ans dans sa propre langue maternelle qui n’est pas la mienne.

Anecdote 2. Lors du fameux dîner de crêpes, a atterri sur la table entre le jambon et le fromage râpé le sujet de la réforme de l’orthographe. Non pas la réforme française avec (ou plutôt sans) son accent circonflexe, mais la réforme allemande avec (et parfois sans) son ß (à prononcer « eszett » ). En une phrase (car j’ai promis de ne pas parler grammaire), cette lettre germanique est l’équivalent phonétique du « ss » , et tend à disparaître à la fois pour des questions de simplification de l’orthographe allemande et pour une adaptabilité de la langue allemande à l’alphabet international (cette lettre n’existe plus qu’en Allemagne et en Autriche). Ainsi par exemple, mes parents ont appris à écrire « daß » , alors qu’au cours de ma scolarité, j’ai appris à délaisser progressivement cette orthographe au profit de la moderne, et désormais correcte : « dass » .
S’est ensuite posée la question de l’utilisation version nouvelle orthographe du ß. Car – sinon cela serait trop facile – le ß n’a pas encore disparu totalement, et il demeure bon nombre de mots dans lesquels il faut l’écrire, autrement l’écriture avec « ss » serait fausse. J’ai énoncé la règle*, alors qu’aucun des trois Allemands présents dans la pièce n’en aurait été capable. Réaction conjointe de mon coloc’ et moi : voilà pourquoi il a bien fait de me recommander pour les Nachhilfen en Allemand !

Depuis, j’ai commencé les Nachhilfen d’Allemand. Je suis enchantée… et les doutes quant à mes compétences, totalement envolés !

*Allez, je sens que vous mourez d’envie de savoir : la réponse est ici. Comment ça j’ai quand même parlé grammaire dans mon article ? Ça n’est pas moi qui ai parlé : Karambolage s’en est chargé pour moi !

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