IMG_1742Ah, Berliiiiiiin… rien qu’en prononçant son nom, ma bouche soupire et mes yeux se mettent à briller. D’amour et de nostalgie. Je ne saurais décrire la relation qui me lie à la capitale allemande, mais à chaque fois que l’on se rencontre, la magie opère. Sans doute parce que nous vivons notre grand amour le plus souvent à distance, et que nous ne nous retrouvons que pour partager les bons moments. Peut-être est-ce d’ailleurs la raison pour laquelle quand je suis à Berlin, je ne me sens ni parfaitement berlinoise (alors que je prends le U-Bahn sans plan et que je connais les adresses du moment pour bruncher ou sortir boire un verre), ni totalement touriste, même si c’est bien le seul endroit en Allemagne où je m’autorise à être plus Française qu’en France, en m’obstinant par exemple à prononcer son nom « à la Française » (« Ber-lain » au lieu de « Berlin’ »). En tout cas, à chaque fois que je quitte Berlin, je sais que je ne lui dis qu’au revoir, car, comme le dit si bien Marlene Dietrich, « Ich habe noch einen Koffer in Berlin » (« J’ai encore une valise à Berlin »).
Ma valise justement, je l’ai retrouvée, ou plutôt posée, pour un peu plus de vingt-quatre heures ce week-end. La raison officielle du déplacement, vous la connaissez (peut-être) déjà : un séminaire de formation-échange sur l’enseignement de la langue française en Allemagne organisé par un conseiller pédagogique en langues vivantes du Land où je travaille. Y étaient conviés des professeurs français du Programme Élysée Prim de mon Land et de Berlin, ainsi que des professeurs allemands enseignant le Français. Au total, nous étions une vingtaine d’enseignants. Je ne vais pas vous détailler le contenu du séminaire (même si un prochain article sera entièrement consacré à la présentation d’une méthode d’enseignement du Français pour laquelle j’ai eu un véritable coup de foudre), mais plutôt vous livrer quelques extraits conviviaux de ma courte virée berlinoise.

Lorsque l’on participe au Programme Élysée Prim, notre carte de l’Allemagne se constelle de points de chute potentiels presque partout dans le pays. Alors quand on envoie un message aux collègues berlinois pour les informer d’un séminaire, on n’a que l’embarras du choix quant à notre lieu d’hébergement tellement les propositions pleuvent. Après quelques échanges de messages et concertations stratégiques quant à notre lieu de résidence temporaire, P. (oui, encore elle) et moi avons atterri chez notre collègue MC après notre première demi-journée de formation. Après un bon dîner typiquement franco-allemand (spätzle aux oignons et lardons puis plateau de fromage et salade de fruits maison) en compagnie d’une autre de nos collègues berlinoises et de la fille de notre hôte, nous sommes parties à la conquête nocturne de Berlin. Le Monkey Bar a eu l’honneur de notre visite.
La file d’attente pour entrer dans ce bar est en principe assez longue. Le bar est au dernier étage d’un hôtel, mais seuls les résidents de l’hôtel peuvent y accéder directement ; autrement, si vous êtes simplement un potentiel client du bar, vous ne pourrez pas accéder au dernier étage, pour lequel une clé est nécessaire – cette clé ne vous est remise qu’au moment où votre tour pour monter arrive enfin. Et si par chance vous tombiez sur un touriste de l’hôtel dans l’ascenseur qui pourrait vous faire monter jusqu’au Monkey Bar, sachez qu’une fois arrivé à l’étage, il vous faudrait encore une fois la fameuse clé. Il arrive donc souvent que des petits malins se retrouvent coincés dans les escaliers, cherchant à redescendre car ne pouvant ni reprendre l’ascenseur, ni accéder au bar. Donc autant faire la queue dès le départ comme tout le monde… ou être accompagné d’une collègue audacieuse ! Lassée de faire la queue, cette dernière nous a proposé d’aller en éclaireur à la réception de l’hôtel. Quelques minutes plus tard, j’ai reçu un appel : « Rejoignez-nous au troisième étage les filles ! ». Je me suis crue dans un film d’action. Nous nous sommes exécutées, et nous avons trouvé notre collègue en compagnie d’un employé de l’hôtel, visiblement tombé sous le charme de son französischer Akzent et prêt à se mettre en quatre pour l’entendre encore parler. À tel point qu’il nous a escortées jusqu’à l’entrée du bar grâce à son pass. À nous la vue nocturne imprenable sur Berlin ! Assises confortablement sur des fauteuils garnis de couvertures et enroulées dans des plaids, nous avons siroté nos cocktails sur la terrasse extérieure. Les cocktails étaient d’ailleurs à la hauteur de la somptuosité du lieu (et de leurs prix). La dernière fois que j’avais goûté un cocktail de ce niveau-là, c’était à Vienne  (hors sujet : article à venir (enfin !) très prochainement – j’ai fini par récupérer mon téléphone et les notes et photos qui étaient dedans).

Vous pensez que cette soirée nous a suffi ? Eh bien non ! Encore pire que des enfants lors d’une soirée pyjama lorsque nous sommes rentrées « à la maison », MC, P. et moi avons papoté jusqu’à une heure très avancée de la nuit – et encore, j’ai déclaré forfait avant mes deux collègues. Il faut dire que depuis janvier, date de notre dernier séminaire commun, nous avions un tas de choses à rattraper !

IMG_1735
Le lendemain, direction la seconde partie de notre séminaire. Puis vint déjà l’heure de se dire au revoir. Mais par chance, le séminaire avait terminé un peu plus tôt, si bien que j’ai pu déjeuner avec quelques collègues françaises et un collègue allemand du séminaire, un retraité très francophile ravi lui aussi de partager un dernier moment de convivialité avec nous. Et puis comme me l’a dit P. avant que je ne prenne mon train pour Kassel : « La vie est belle, on a même pu déjeuner ensemble avant que tu partes. ».
Même les publicités Ritter Sport étaient dans le thème de mon humeur du moment, et m’ont inspiré une traduction-jeu de mots : savez-vous comment traduire bunte Schokowelt (l’un des slogans de la marque) ? Je vous ai trouvé la réponse : monde chocoloré*. Vous avez le droit de ne pas rire, en tout cas, moi, je me suis bien fait rire, et c’est avec le sourire que je suis montée dans le ICE direction Kassel. Sans adieux déchirants pour Berlin. Car je reviendrai bien assez vite lui rendre visite.

*Petite explication pour les lecteurs indulgents qui s’efforcent à chaque fois de comprendre mes blagues germanistes : Welt en allemand désigne le monde, bunt signifie coloré et Schoko est tout simplement l’abréviation de Schokolade, chocolat.

Share: