Il paraît que les Français parlent en sigles voire acronymes (en tout cas suffisamment pour que Karambolage y consacre un sujet). J’ai trouvé le pendant germanique de nos chers mots codés : les Abkürzungen (abréviations). Non pas les abréviations pour éviter d’écrire les mots in extenso comme z. B. pour zum Beispiel (par exemple), usw. pour etc., mais celles qui ressemblent fortement à des acronymes. D’ailleurs, si l’on se lançait dans des débats linguistiques, une Abkürzung allemande pourrait recevoir le titre d’acronyme. Mais, ne débattons pas inutilement, jugez plutôt par vous-même avec les mots suivants :

  • Kripo pour Kriminalpolizei (police judiciaire)
  • Mufuti pour Multifunktionstisch (table multi-fonctions)
  • ALDI (célèbre chaîne de supermarché allemande) pour Albrecht (la famille fondatrice de la marque) Diskont (discount, comme les prix pratiqués par l’enseigne)

Ça y est, vous êtes convaincus ? J’attends désormais le sujet de Karambolage jumeau des sigles français ! Parce que, de la même manière qu’un Allemand peut vite se retrouver perdu au milieu d’acronymes français (et j’ai une pensée émue pour mes collègues allemands qui ont dû se noyer en arrivant dans les écoles françaises dans les sigles propres à l’Éducation Nationale), un Français n’en mène pas plus large face aux Abkürzungen. Par exemple, lorsque j’ai débarqué à l’école en Allemagne, il m’a fallu un certain temps d’adaptation pour comprendre un Vertretungsplan (planning de remplacement – planning affiché quotidiennement ou hebdomadairement en salle des maîtres qui nécessite de solides connaissances en (dé)cryptologie pour être compris). Les abréviations de ce seul document mériteraient à elles seules un article entier, tellement tout y est réduit (même les noms de famille !). J’avoue que je n’ai sans doute pas encore tout décodé, mais étant donné que j’en saisis l’essentiel (assez pour savoir ce qui change dans mon emploi du temps et suivre dans les grandes lignes ce qui se passe dans l’école), certaines abréviations m’échappent encore. C’était le cas par exemple jusqu’à la semaine dernière du mot Fobi. Jusqu’à présent, j’avais compris que, accolé au nom d’une collègue, cela signifiait que cette dernière n’était pas là. Perspicace, et à l’aide d’autres documents épinglés au tableau de la salle des maîtres, j’avais deviné que l’absence pour Fobi pouvait être prévue de longue date. Et puis, mardi, je ne sais pas d’où m’est venue la révélation, mais j’ai enfin compris l’abréviation : Fortbildung (formation). Eh oui, tout simplement !

Pour finir, j’offre une révélation gratuite aux lecteurs français qui se sentent lésés par ce petit article linguistico-germanique : je suis sûre qu’au moins une fois dans votre vie, vous avez utilisé une Abkürzung ! Comment est-ce possible alors que vous ne parlez pas un mot d’Allemand ? Eh bien je parie que vous avez déjà goûté aux célèbres bonbons allemands dont la paternité est attribuée à Hans Riegel, originaire de Bonn… Effet garanti si vous ressortez cette anecdote lors de votre prochain dîner mondain !

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