Lors du stage de mai, les professeurs d’Allemand et de Français, présents sur notre lieu de formation pour faire passer les tests de langue aux entrants mais également aux sortants du programme, nous avaient présenté une méthode qui serait employée lors du stage de langue du mois d’août : le tandem. Avant d’en apprendre davantage, je n’avais aucune idée du déroulement du travail avec cette méthode. Dans ma tête, j’avais une image de vélo sur fond de Vanessa Paradis. J’étais donc bien loin du compte !

Le principe en lui-même est très simple : un Allemand et un Français travaillent en binôme pendant un temps donné. Ils échangent sur un même sujet, d’abord uniquement dans une langue la première moitié du temps, puis dans l’autre. Dans le cas de notre stage de langue, étant entre professeurs des écoles, nous avons échangé sur divers thèmes autour de l’école, mais également sur des sujets de la vie courante. L’objectif principal de ces temps de travail, en plus de nous faire progresser dans la langue de nos binômes, était de nous constituer un bagage sur-mesure rempli d’outils pour notre vie et notre travail à l’étranger.

Nous avons ainsi abordé les sujets suivants :

  • se présenter : auprès de collègues, de parents d’élèves, d’élèves, de voisins, etc.
  • le « premier jour à l’école » : première réunion de pré-rentrée, premiers contacts avec les élèves, etc.
  • la classe : les consignes, les outils, la discipline, etc.
  • le langage des enfants
  • les situations de la vie quotidienne : au restaurant, à l’hôtel, à la poste, au supermarché, dans un magasin de vêtements, à la banque, chez le coiffeur, chez le médecin, le contrat d’assurance, la recherche d’appartements
  • l’e-mail
  • le téléphone. C’est lors de ce temps de travail que j’ai notamment appris comment donner son numéro de téléphone en Allemand.
  • les expressions imagées du corps (exemple : avoir les yeux plus gros que le ventre)
  • seul temps de tandem non réciproque, où deux sujets différents ont été traités : lange und kurze Vokale (voyelles longues et voyelles courtes) en Allemand, pour faire travailler les Français, contre les nasales (tous les sons en « on », « in, « an » et « un ») en Français, pour faire travailler les Allemands
  • la prononciation des noms anglais. Malgré tout le travail effectué, il me reste encore des progrès à faire !

Nous avons eu en outre deux temps de travail en véritable immersion dans Berlin : un premier entre les Galeries Lafayette (où l’on parle Français, ce qui a permis aux Allemands de s’exercer) et deux chocolateries berlinoises (Fassbender & Rausch et Ritter Sport), un second à Neukköln, le quartier de notre centre de langue. Vous comprenez désormais pourquoi j’ai regardé le film Coming In avec intérêt !
Enfin, sortant un peu du cadre du tandem puisque se déroulant en groupes, mais cadrant totalement avec les objectifs de l’échange interculturel, un dernier temps de travail a été consacré à l’Histoire (article à venir).

Quels sont les avantages de la méthode tandem ?

  • On travaille à la carte. Le seul cadre que l’on nous impose : le sujet, la durée, le changement de langue à mi-parcours, et le fait de ne s’entretenir que dans une seule langue à la fois. Pour chaque sujet, on nous donne une feuille comprenant quelques pistes de travail (exemple : pour le temps de travail sur l’e-mail, des situations dans lesquelles on pourrait être amenés à écrire), mais libre à nous de l’utiliser ou pas. Pour reprendre l’exemple du travail sur l’e-mail, si l’on a un véritable mail à écrire (à notre future école, au propriétaire de notre futur logements, etc.), le tandem est justement l’occasion de s’y attaquer. On fixe en outre nous-mêmes les règles avec son binôme en ce qui concerne la langue stricto sensu (exemple : « Aujourd’hui, j’aimerais que tu me corriges uniquement sur la conjugaison. »), et on choisit ce que l’on veut approfondir dans le sujet donné (exemple : pour les situations de la vie quotidienne, une collègue enceinte s’est renseignée sur tous les termes concernant la grossesse et l’accouchement, quand d’autres collègues avec des enfants ont voulu en apprendre davantage sur le vocabulaire lié à la visite chez le pédiatre).
  • Peu importe le niveau de langue, à partir du moment où l’on sait former quelques phrases. Puisque c’est un travail à la carte, peu importe la quantité de travail effectuée ou le niveau de langue dans lequel s’est déroulé l’entretien. Et comme il s’agit d’un tandem dans sa langue maternelle, chacun maîtrise parfaitement la langue que le binôme doit apprendre. Le tandem marche également avec des niveaux de langue déséquilibrés. Il est vrai qu’à partir du moment où on a déjà une certaine aisance dans la langue de l’autre, avoir un binôme de son niveau, voire plus avancé, permet un travail efficace. Cela dit, j’ai pu travailler avec une Allemande presque débutante, avec une autre qui était quasiment bilingue, et avec presque tous les niveaux intermédiaires ; à chaque fois, l’exercice est différent, mais très intéressant. Je n’aurais peut-être pas apprécié passer mes quinze jours de stage à dessiner un bonhomme pour nommer les parties du corps en Français, pas plus que j’aurais pu m’entretenir tous les jours sur les règles de formation des temps du subjonctif, mais on change de binôme de tandem à chaque nouveau temps de travail – les choses sont bien faites.
  • On n’est jamais perdu. Puisque l’on change de langue à mi-entretien, impossible de se sentir noyé dans la langue de l’autre. On finit toujours par retomber dans sa langue maternelle. C’est un véritable avantage par rapport aux cours de langue classiques, où l’on baigne dans une langue étrangère uniquement, ce qui peut parfois décourager.
  • On se décomplexe par rapport à son niveau de langue. Puisque tout le monde est en situation d’apprentissage, personne ne parle parfaitement la langue. Et puisque l’on échange également sur des aspects interculturels, même celui ou celle qui maîtrise déjà presque parfaitement la langue de l’autre a toujours quelque chose à apprendre.
  • On s’interroge sur sa propre langue maternelle, et on a déjà un pied dans l’enseignement du FLE (Français Langue Étrangère) que l’on pratiquera l’année scolaire à venir. Pourquoi dit-on que l’on a « envie de vomir », alors que l’on n’en a pas véritablement « envie » ? À part l’intuition, existe-il une règle systématique pour savoir quand utiliser le subjonctif ?

Bien sûr, en-dehors du cadre de la formation, le travail en tandem peut se poursuivre dans la vie courante. Là encore, tout se fait à la carte : la fréquence et la durée des entretiens, les thèmes de discussion, le café où l’on se rencontre, etc. Si vous recherchez un partenaire de tandem en Allemagne, sachez qu’en étant Français(e), vous n’aurez aucun mal à en trouver ! De nombreux sites comme erstenachilfe.de permettent de mettre en relation des personnes cherchant à pratiquer le tandem.
Je pense aussi qu’à mon retour en France, je continuerai à pratiquer le tandem pour garder un contact avec la langue allemande. Car, contrairement au vélo, l’absence de pratique fait vite oublier ce que l’on a acquis !

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