Les 10 commandements de l’enseignant en échange – #7

Dans les épisodes précédents :

Cinq kilos au moins tu prendras

FAUX… Constante parfaite si l’on compare entre mon arrivée fin août à Kassel et mon départ à venir (à moins que je prenne cinq kilos dans les jours qui viennent). Si l’on regarde dans le détail, la courbe décroit légèrement jusqu’aux vacances de Noël, puis remonte en flèche lors de ces vacances (en France, donc, pas en Allemagne), et décroit à nouveau en douceur. Encore un argument qui fait pencher la balance pour rester en Allemagne !

… MAIS, attention ! Tout d’abord, et comme c’est le cas pour chacun des commandements que je présente, ma réponse n’engage que moi. Chaque expérience est personnelle donc le blog décline toute responsabilité si quelque collègue nouvellement arrivé dans le programme intente une action en justice au motif qu’il a pris du poids pendant son année d’échange. D’ailleurs, si le commandement nous a été transmis, c’est qu’il a été vérifié par d’autres – cette année encore, il figurait, sous un intitulé différent, dans nos commandements transmis à la promotion suivante.
Le sport a par ailleurs sans doute joué un contrepoids, puisque j’ai eu le temps de me dépenser physiquement plus intensément qu’en France. Or, pour certains collègues, c’est l’inverse qui se produit lors de leur arrivée en Allemagne.
Une acclimatation au mode d’alimentation allemand est enfin nécessaire si l’on ne veut pas revenir d’Allemagne avec quelques kilos en plus. Petite explication !

Pour schématiser, en France, on fait trois repas par jour (quatre si l’on compte le goûter), plutôt consistants. Le déjeuner et le dîner se composent souvent du triptyque entrée-plat-dessert. On mange donc peu fréquemment, mais beaucoup. En Allemagne, impossible de compter le nombre de « repas » : avec des grignotages parfois plus consistants que les plats faisant office de repas, j’ai renoncé à comprendre comment fonctionnaient mes collègues. En tout cas, sauf événement très exceptionnel, un repas se compose d’un seul plat. On mange donc souvent, mais peu.
Comment faire alors lorsque l’on est Français en Allemagne ? Vous pouvez bien sûr conserver votre rythme alimentaire français… mais vous allez vite vous rendre compte qu’il n’est pas compatible avec votre rythme de travail (et je ne parle pas que des horaires d’école) : pas de longues pauses déjeuner pour déguster votre entrée-plat-dessert, et avec des horaires matinaux, vous prendrez sans doute le pli du Brötschen (petit pain généralement fourré de charcuterie ou fromage) lors de votre pause de mi-matinée. Quant au dîner, qui au début vous paraîtra tôt (18h), à force d’heure de coucher de soleil moins tardive (je vous assure que l’on sent la différence) et d’horaire de lever matinal, au bout d’un moment, vous vous y habituerez.
J’ai pour ma part fusionné les deux systèmes : horaires presque français et quantités allemandes. J’ai eu la chance de ne pas démarrer mes cours en première heure, et ainsi eu le temps de prendre un bon petit déjeuner. Pas de pause-Brötschen donc quand sonnait la première pause… au cours de laquelle j’arrivais à l’école et ensuite, un simple plat en déjeuner à 13h, heure de la fin de matinée d’école.  Pas de plateau de cantine comportant entrée-plat-laitage-dessert, et si je voulais me ravitailler à la cantine des élèves, seul un plat du jour était proposé. J’ai souvent sauté l’institution du goûter, puisqu’entre un déjeuner plus tardif et un dîner aux horaires avancés par rapport à mes habitudes françaises, le temps de songer au goûter, le dîner arrivait déjà.
La fusion peut néanmoins être très dangereuse si elle s’opère dans l’autre sens : horaires allemands et quantités françaises. Vous pouvez ainsi passer votre journée à manger : un bon petit déjeuner avant de partir travailler, puis un Brötschen lors de votre pause de la matinée, suivi quelques heures plus tard d’un repas consistant quand vient la pause déjeuner, puis, à la sortie du travail, un goûter au Eiscafé ou un Kaffee-Kuchen à la boulangerie, un dîner léger froid à l’allemande sous les coups de 18 heures qui fait office d’apéritif pour le dîner chaud à la française que vous dégustez plus tard dans la soirée.
Attention donc à votre alimentation acclimatation ! Et les sorties au Eiscafé ou au restaurant pour déguster des Schnitzel et autres légères spécialités allemandes ne doivent être réservées qu’aux grandes occasions !

Share: